samedi 30 avril 2011

Un cheval pour King Clancy

King Clancy, intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1958.


Connie Smythe n’est pas qu’un trophée. Smythe a d’abord été le fondateur des Maple Leafs de Toronto en 1927. À ce moment, l’équipe n’était pas très bonne et Smythe avait offert 35 000$ aux Maroons de Montréal pour acheter Hooley Smith ou Nels Stewart. Les Maroons formaient une équipe dont les recettes au guichets se portaient très bien et n’avaient que faire de l’argent de Smythe. D’ailleurs plusieurs se demandaient ou les propriétaires des Leafs trouveraient une pareille somme, les résultats modestes de l`équipe se reflétaient aussi sur les assistances aux parties.

En fait, la vraie stratégie de Smythe reposait sur l’arrivée prochaine de jeunes joueurs toujours d’âge junior qui jouaient pour les Marlboros de Toronto : les Joe Primeau, Busher Jackson et Charlie Conacher qui allaient former la fameuse Kid Line quelques années plus tard et donner aux Maple Leafs leurs années les plus glorieuses.

En attendant l’arrivée de ces jeunes prodiges, il fallait bien que l’équipe survive et trouve du renfort au plus vite. La chance allait donner cette opportunité à Conn Smythe.

Parier sur les négligés

Smythe possédait un jeune cheval de course appelé Rare Jewel qui avait participé à cinq courses qu’il avait lamentablement terminées bon dernier. À la sixième course, Smythe avait même parié avec un ami que son cheval finirait dernier. Le cheval avait terminé la course avant-dernier. Smythe avait dit : «Ce cheval n’est même pas foutu de terminer dernier pour me faire gagner un pari». Mais Smythe a persévéré avec ce cheval qu’il avait acheté un fort bon prix et qui, au départ, semblait promis à un bel avenir.

Il a engagé Dude Foden, un éleveur et jockey, pour s’occuper de son cheval durant la saison morte. Foden avait une excellente réputation. Sur un quart de mille, on le disait imbattable.

Foden avait donc entraîné Rare Jewel tout l’hiver et, au printemps, il disait à Smythe qu’il pourrait commencer à parier sur son cheval qui était prêt pour la grande course du début d’année. La course opposait de très bons chevaux de deux ans et un cheval appelé Frothblower était définitivement le favori. Rare Jewel, qui avait presque terminé toutes ses course au dernier rang, se voyait octroyer une cote de 219$ contre un. C’était la chance de Smythe qui adorait parier sur les négligés.

Conny Smythe avait 60$ en poches. Il n’avait osé parier que 20$ sur son cheval et avait aussi parié 20 autres dollars sur Frothblower pour ne pas perdre sa mise. Surgit alors l’ancien médecin des Leafs que Smythe avait congédié quelques semaines plus tôt et qu’il ne semblait
particulièrement pas aimer. «Frothblower jusqu’au bout, Connie?», lui demanda celui-ci. C’est alors que Smythe, piqué au vif, remis un autre 20$ sur Rare Jewel pour contrarier son interlocuteur et montrer sa confiance en son cheval.

On imagine bien le reste : Frothblower ainsi que les deux autres chevaux favoris sont partis comme une flèche et, dans le dernier droit, l’expérimenté jockey Dude Foden a poussé Rare Jewel à sa limite et, comme il l’avait prédit, le cheval était prêt et il a remporté cette course au dernier moment. Smythe avait donc remporté une bourse de 4000$ remise au gagnant de la course (une somme rondelette pour l’époque) et 10 000$ en paris.

Un pari payant

Cet argent avait aussitôt servi à acheter le contrat du défenseur étoile, King Clancy, des Sénateurs d’Ottawa, une autre équipe qui ne roulait pas sur l’or. Smythe avait aussi envoyé deux jeunes joueurs aux Sénateurs, Art Smith et Eric Pettinger, libérant ainsi 15 000$ de la masse salariale des Maple Leafs. L’argent amassé par la victoire de son cheval avait donc servi à lancer les Maple Leafs une fois pour toute. King Clancy est devenu une grande vedette à Toronto et il a été la pierre d’assise de la formidable équipe à venir qu’ont été les Maple Leafs dans les années 1930.

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jeudi 28 avril 2011

Le tabac et les cartes de baseball Mecca Double Folders T201

Aussi paradoxal que cela puisse paraître aujourd’hui, les cartes de baseball ont beaucoup servi à promouvoir l’usage du tabac à leurs débuts. Les fabricants de cigarettes rivalisaient entre eux pour créer les plus belles cartes à insérer dans leur paquets et attirer les amateurs de baseball — un sport dont la popularité grandissait rapidement — et surtout, leurs enfants qui les obligeaient à choisir une marque plutôt qu’une autre.

Une carte de la série Old Judge N172
Il était presque impossible de faire des photos d’action à cette époque. La plupart des photos demandaient un temps d’exposition de plusieurs secondes sans bouger. Le seul moyen connu (et il est venu plus tard) était d’utiliser une poudre de magnésium que les photographes disposaient sur une palette de bois à laquelle ils mettaient le feu. Le magnésium explosait et servait de flash pour accélérer la prise de vue. La méthode était périlleuse et les photographes détestaient l’utiliser. Plusieurs ont été blessé en l’employant. Le feu prenait aussi fréquemment dans les vêtements des pauvres photographes.

Cela faisait que cette période nous a donné de magnifiques portraits où les sujets s’habillaient de leurs plus beaux vêtements et posaient raidement, sans sourire, en écoutant bien les consignes du photographe. Une seule série, la Old Judge N172 avait essayé de simuler des scènes d’action de baseball, un véritable tour de force pour l’époque (1887). 

Les joueurs vedettes de l’époque étaient invités en studio et simulaient une scène de match de baseball. Sur plusieurs de ces petites cartes (un pouce et demi par deux pouces et demi), on voyait nettement le fil qui servait à suspendre la balle dans le studio. Les trucages étaient naïfs, mais la série imprimée en sépia était magnifique.

La photo ou l’illustration?
Allen & Ginter 1887
La complexité de l’utilisation de l’utilisation de photographies avait obligé les compagnies de cigarettes à employer des illustrateurs pour faire les portraits des joueurs et cela a donné des séries légendaires comme la N29 d’Allen & Ginter en 1888 et la gigantesque T206 de Topps en 1909. C’était d’ailleurs la popularité des cartes d’Allen & Ginter, notamment, qui avait forcé Old Judge à innover et à se lancer dans cette fastidieuse opération de trucages photographiques.

Mecca Double Folders
En 1911, la compagnie de cigarettes Mecca — La Mecque en français, les marques de cigarettes aux noms de consonance arabe étaient très prisées — innovait à son tour pour attirer la faveur des acheteurs. Elle incorporait une carte à chacun de ses paquets qui montrait deux joueurs d’une même équipe sur une même carte. Cette carte était pliée en deux et incluait pour la première fois les statistiques des joueurs illustrés. Une fois rabattue, les jambes des joueurs de la carte du dessous finissaient le dessin de la carte plus courte du dessus. 

Ce qu’on aime par-dessus tout de cette série de 50 cartes, c’est la facture naïve et toute en douceur des illustrations où la ressemblance avec les personnages réels semble un peu secondaire.

L’avantage de ces cartes, qui n’ont pas la notoriété ni le prix de la T206, est que l’on peut parfois retrouver deux très bons joueurs sur une même carte et même deux membres du Temple de la renommée du baseball dans un cas comme sur celle de Ty Cobb et Sam Crawford. Cependant, la carte la plus difficile à obtenir de ce set est celle de Patsy Dougherty et Harry Lord des White Sox.

Hors Jeu vous offre un portfolio de certaines de plus belles cartes de cette série qui comprend plusieurs légendes du baseball comme Ty Cobb, Tris Speaker, Sam Crawford, Chief Bender, Christy Matthewson, Walter Johnson, Ed Cicotte et Zack Wheat.


Légende:
À droit, on voit la carte du grand Napoléon Lajoie, un immortel du baseball d’origine franco-américaine et la carte du bas est celle de Fred Falkenberg, l’autre partie de cette même carte. On peut voir que les jambes des deux joueurs sont les mêmes. La partie de Falkenberg est plus courte et, en la rabattant sur celle de Lajoie, les jambes complètent l’image.




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Le baseball et le tabac ont une longue fréquentation. Cette publicité mettant un joueur des Expos a été publiée dans le magazine Perspectives en 1974. Les lois sur le tabac et la publicité ont mis fin à cette association sports-tabac.



lundi 25 avril 2011

Pacioretty et le nez de Brad Marchand


Le tweet de Max Pacioretty nous a inspiré une petite caricature. Qui aura le dernier mot: Pacioretty ou Marchand?
Brad Marchant continue sa marche sur le sentier de la Coupe Stanley. Bravo aux Bruins. Ramenez la Coupe qu’on puisse au moins dire que le Canadien a été battu par une bonne équipe.

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vendredi 15 avril 2011

L’histoire des masques des gardiens de buts écrite par un expert

Le hockey a un avantage que tous les autres sports n’ont pas: des magnifiques uniformes. Et, à notre avis, rien n’égale ceux des six équipes originales de la LNH. 

Les habits que portent les joueurs de baseball ou de basketball sont parfois beaux, mais ces costumes n’offrent pas autant de possibilités que ceux des hockeyeurs. Au hockey, les chandails sont colorés, la culotte se détache nettement et les bas aussi ont de beaux designs assortis.

Au football, l’uniforme ne comporte même pas de logo sur le chandail, sinon sur un tout petit sur la manche. En revanche, les casques uniformément décorés pour l’équipe entière sont très beaux. 

Ce concept s’appliquerait très bien au hockey, un autre sport collectif où les casques sont très présents. Présentement la ligue laisse les joueurs décider du choix de leur casque et, surtout, d’empocher la commandite qui va avec ce choix. Dommage. Un fabriquant pourrait très bien commanditer une équipe au complet et dessiner des casques qui rivaliseraient d’originalité pour attirer les consommateurs. La Ligue générerait une saine compétition entre les fabricants et ses revenus ne s’en porteraient que mieux.

La LNH fait figure de précurseur
Là où le hockey a une longueur d’avance, c’est dans l’audace des illustrations qui ornent les masques des gardiens de buts. Le journaliste Richard Labbé, véritable expert en gardiens de buts, s’est concentré sur cette magnifique audace que sont devenus les masques des gardiens et il en a fait un très beau livre simplement intitulé: Masques.

Édité par Art Global, le livre présente une facture plus que soignée: embossage sur la couverture et vernis sélectif qui fait ressortir les splendides masques choisis pour illustrer le livre dans une mise en page moderne et épurée.  On a mis le paquet pour le contenant autant que pour le contenu. Les textes sont du pur Labbé: courts, incisifs et remplis d’humour. Ainsi assemblés dans ce livre, ces portraits de gardiens retracent l’histoire de leur outil de travail, le masque.

On y apprend que le masque de Gerry Cheevers zébré de faux points de suture ne visait pas à effrayer ses adversaires, mais qu’il était seulement le fruit du hasard et que Dave Dryden, frère du célèbre Ken Dryden, a inventé le masque hybride qui combinait le masque de plastique et les grilles de métal que tous les gardiens portent aujourd’hui, un type de masque que son propre frère n’a jamais porté! On n’est pas prophète dans sa patrie.

mardi 5 avril 2011

Bobby Orr, grand et modeste

À mon avis, Bobby Or a été le plus grand joueur de hockey de l’histoire. Son talent était phénoménal, mais, au-delà de la super-vedette, Orr est demeuré un homme humble et entier, ce qui le rendait vraiment exceptionnel.

L’ancien physioythérapeute du Canadien dans les années 1960, Bill Head, raconte sa première rencontre avec le jeune Orr dans le journal Sport Illustré du 28 janvier 1974*: «Orr était blessé assez gravement et il avait de multiples coupures. Je le soignai et le laissai quelques minutes seul pendant que j’allais chercher mes effets. À mon retour, qu’est-ce que je voyais? Bobby Orr qui nettoyait le sang par terre avec un linge en s’excusant. Je n’avais jamais vu une chose pareille».

*L’article était signé Alain Chantelois. Hé oui! Le Baron Chantelois lui-même.

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