mercredi 30 mars 2011

Ching Johnson, le cuisinier

L’équipe d’étoiles du fameux match de 1933-34. *Alignement complet au bas du texte..
Ching Johnson était un rude défenseur étoile de l’équipe originale des Rangers de New York, fondée en 1926 par Conny Smythe. Durant sa carrière de 12 saisons dans la LNH, il a été élu deux fois sur la première équipe d’étoiles et deux autres fois sur la deuxième.

Caricature du rude Ching Johnson publiée 
dans les journaux newyorkais dans les années 1920
Il a joué lors de la première partie d’étoiles disputée en 1933-34 au profit d’Ace Bailey, des Maple Leafs de Toronto, dont la carrière avait violemment pris fin lors d’un match à la suite d’un coup par derrière du redoutable Eddie Shore. 

En 1931-32, il a fini deuxième derrière Howie Morenz pour l’obtention du Trophée Hart, décerné au joueur le plus utile à son équipe. Il a aussi remporté la Coupe Stanley à deux reprises avec les Rangers en 1927-28 (la fameuse conquête de la Coupe Stanley où l’entraîneur des Rangers, Lester Patrick, alors âgé de 44 ans avait dû mettre les jambières et remplacer son gardien blessé) et 1932-33. Johnson a été élu au Temple de la renommée du hockey en 1958, honneur pleinement mérité. Son vrai nom était Ivan Johnson.

Pourquoi Ching et non Ivan Johnson
Deux versions existent sur l’origine de son surnom. Andrew Podnieks dans Players: The ultimate A–Z guide of everyone who has ever played in the NHL affirme que Ching est un dérivé de Chinaman et que Johnson avait hérité de ce surnom à cause de ses traits asiatiques, ce qui n’est pas faux. Fait à noter, Johnson était de descendance irlandaise.

Nous préférons la deuxième version. Elle provient d’un scrapbook de découpures de journaux New Yorkais des années 1920 et 1930 qu’avait assemblé Léo Bourgault, son coéquipier à la défense avec les Rangers. L’article souligne que Johnson était natif de Winnipeg. 

Les Prairies formaient un énorme chantier en développement au début du XXe siècle. Le père de Johnson avait bâti un petit chalet à l’arrière de sa maison et son fils Ivan avait l’habitude d’aller y jouer avec ses amis. Leur jeu favori était de jouer aux pionniers de l’Ouest. Johnson aimait faire la cuisine pour ses camarades. Comme cette tâche incombait souvent à des Chinois sur les chantiers de l’Ouest canadien, ses camarades l’ont surnommé «Chink», un diminutif pour Chinaman

Avec le temps, le surnom Chink s’est transformé en Ching. Un nom inoubliable qui l’a aidé à passer à l’histoire beaucoup plus efficacement que s’il avait conservé son véritable nom d’Ivan Johnson. 

* Légende de la photo du haut de la page:
L’équipe d’étoile de 1933-34, de gauche à droite, rangée du bas: Normie Himes, Larry Aurie, Hooley Smith, Jimmy Ward, Lester Patrick, Léo Dandurand, Bill Cook, Howie Morenz, Aurèle Joliat, Herbie Lewis et, à l’avant-plan, la mascotte de l’équipe, Howie Morenz Jr.
Rangée du haut: Charlie Gardiner, Red Dutton, Eddie Shore, Allan Shields, Bill O’Brien, Lionel Conacher, Ching Johnson, Nels Stewart, Frank Finnegan.


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mardi 22 mars 2011

Film inédit sur Babe Ruth et Lou Gehrig retrouvé

Les archives filmées de la légende des Yankees, Babe Ruth, sont rares. Sur YouTube, on peut voir quelques secondes de films granuleux sur le Bambino.

Le New York Times nous permet depuis peu de visionner quelques secondes d’un film inédit de Babe Ruth et Lou Gehrig dans leur intimité. De plus, le film tourné en 16 millimètres est d’une rare qualité.

La trouvaille est celle de RC Raycraft, un antiquaire de l’Illinois qui a acheté ce film de trois minutes et demi dans un marché aux puces local qu’il gère. Les scènes ont été tournées le 18 octobre 1927 à Sioux City. Ruth et Gehrig prenaient part à un match dans cette petite ville de l’Iowa dans ce qu’ils appelaient leur «Barnstorming Tour», une tournée que les joueurs faisaient régulièrement après leur saison régulière pour monnayer leur célébrité. Gehrig et Ruth sont même allés à Hull, au Québec, en 1928 dans le cadre de ce genre de tournée.

Ruth, qui faisait le faramineux salaire de 70 000$ à ce moment, récoltait presque autant de cette tournée. Gehrig n’avait que 24 ans à ce moment et empochait 8000$ annuellement, somme qu’il doublait aisément lors de cette tournée en signant des milliers de balles.

Le film a d’autant plus d’intérêt qu’il a été tourné 10 jours après que les Yankees eurent balayé les Pirates de Pittsburgh pour remporter la Série mondiale. Les Yankees de 1927 avec leur «Murderer’s Row lineup» (alignement meurtrier) avait terminé la saison avec la remarquable fiche de 110 victoires et seulement 44 défaites. On dit de cette édition des Yankees qu’elle a été la meilleure de l’histoire. C’est notamment cette année-là  que Ruth, alors âgé de 32 ans, avait établi son record de 60 circuits et que le jeune Gehrig, qui avait frappé 47 circuits, avait mérité le titre de joueur le plus utile à son équipe.

Raycraft ne sait toujours pas ce qu’il fera de sa découverte. Il parle de l’offrir au Temple de la renommée du baseball. Sa valeur est inestimable, mais une photo de cette même tournée a été vendue dernièrement pour 33 000$. On imagine un peu la somme qu’il pourrait en tirer…

Lisez toute l’histoire et, surtout, voyez la vidéo:

dimanche 6 mars 2011

Aaron Ward, le souffre-douleur de Scotty Bowman

L’histoire suivante est tirée de l’édition du 11 janvier 2010 du magazine Sports Illustrated. Elle parle d’un concept utilisé au hockey professionnel appelé «Doghouse» ou «La niche» en français.

Dans l’article on dit que certains joueurs sont les souffres-douleur attitrés de leurs entraîneurs qui les envoient «dormir dans la niche» comme on punit un chien qui n’a pas respecté les consignes. L’entraîneur des Maple Leafs dit que le terme «doghouse» est une métaphore pour désigner le temps de glace donné à un joueur.

De tous les joueurs qui ont fait un séjour dans cette niche métaphorique, le défenseur Aaron Ward a sûrement été le pire cas récent. Ward était un défenseur au talent limité dont la marque de commerce était d’être un travailleur acharné qui n’avait pas peur de jouer dur et de bloquer des lancers. Tout sauf un talent naturel.

Il est évident qu’un pareil joueur n’arrive pas dans la ligue en bénéficiant de beaucoup de marge de manœuvre. Pire encore, l’entraîneur de l’équipe pour laquelle il fait ses débuts (Detroit) s’appelle Scotty Bowman.

À Montréal, on a beaucoup entendu parler des méthodes de coaching de Bowman qui pouvait être très dur avec ses joueurs. Le pauvre Ward a connu des débuts pour le moins éprouvants sous les ordres du vieil entraîneur. Certains de ces coéquipiers ont même suggéré à Aaron de faire changer son prénom pour «Fuckin'» tellement Bowman ne référait à lui qu’en l’appelant constamment Fuckin' Ward.

Habitué à subir les foudres de Bowman, Ward raconte cette anecdote: «Fraichement rappelé des mineures, je prend part à la séance de patinage du matin. Bowman me retourne aux mineures aussitôt après ce réchauffement. Je suppose que j’avais eu une mauvaise séance de patinage…»

Ward ne sait plus sur quel pied danser avec son entraîneur. «Un jour, nous pratiquons le désavantage numérique qui en arrache à ce moment. Je n'avais pas joué un match régulier depuis deux semaines. Bowman ordonne que les défenseurs dégagent la zone par la bande vigoureusement, dit Ward. La rondelle se retrouve sur ma palette et je dois la dégager en sachant très bien que Scotty se tient debout près de la bande. Je lance la rondelle de toute mes forces et le pire arrive. Elle frappe Bowman à la tête et lui fait une profonde coupure.» Le sang gicle et Ward anticipe la réaction de son entraîneur.
Bowman se relève et dit:«C’est comme ça qu’il faut dégager!» Ouf!

«La veille du jour de l’An, nous jouons à Chicago et je suis encore dans les mauvaises grâces de Bowman depuis un moment. À ma deuxième présence sur la patinoire, j’essaie de bloquer un lancer et je reçois la rondelle en plein visage. La coupure est profonde et nécessite des points de suture. En me rendant à l’infirmerie avec le soigneur, Bowman me regarde et dit que je dois être revenu dans cinq minutes sinon je ne jouerai plus du match, raconte le courageux Ward. Le soigneur était âgé et n’était pas le plus rapide pour faire les sutures. J’ai tout fait pour l’aider et, environ quatre minutes plus tard et dix points de suture en plus, j’étais de retour au banc. Malgré cela, Bowman ne m’a pas fait jouer du reste du match.»

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